•  Le 12 août 

    Par un entretien téléphonique avec Mr Bernard Mallet, j'avais acquis la certitude qu'aussitôt le départ des Allemands, lui et un certain nombre de personnalités réputées "collaboratrices" seraient arrêtées. Or nous n'étions plus que trois avocats présents en ville, M° Tabart, mon ami Palan et moi. Pour celà j'eus un entretien avec Palan qui soutint que mes informations sur des arrestations étaient fausses. Mais il consentit à m'accompagner chez le Président , Mr Dubost, (dont le fils était à l'équipe du Centre) pour en parler. Le Président pris l'information très au sérieux, et peut-être avait-il reçu d'autres avis mais en tout cas la décision fut prise de faire revenir à Nantes l'ancien Bâtonnier, et mon père réfugié aux Couets. L'exécution m'en revenait et par des relais de poste à poste de la Croix-Rouge, mon message fut porté à mon père par une estafette. Et mes parents se trouvaient rue Crébillon le 12 août.

    Les Allemands avaient quittés définitivement la partie nord de l'agglomération et avec eux sont partis les groupes "doriotistes" et d'autres satellites. Nous avons vu ceux-ci se rassembler en uniforme noir et disparaître.

    Cette nuit du 11 au 12 août, nous avons entendu les bruits de canons, celui des explosions et le crépitement des incendies. Le matin du 12, on m'a montré gravissant les marches du perron de la cour d'Honneur de la Mairie, Mr Constant, qui me dit-on, remplacera Mr Orrion comme Maire de la ville. (Mr Orrion avait l'estime de tous ceux dont il avait partagé le sort à l'Hôtel de Ville).

    La cour d'honneur centralisait beaucoup d'attention. Aux fenêtres de la galerie du premier étage, une personne présentait à la foule les drapeaux qui seront arborés pour l'arrivée des Américains, mais aussitôt retirés, car leurs troupes n'étaient toujours pas entrée en ville. J'avais accepté de bonne grâce des bouts de ruban tricolore que chacun arborait sur ses vêtements, mais que je considérais comme un enfantillage, étant allergique au port d'insigne quel qu'il soit.

    Le premier drapeau ainsi montré, était celui des USA et ma protestation fut vite réprimé par mon voisin Mr Papillon, avoué, qui me conseille d'être plutôt prudent. Vers 11h00 est arrivé le groupe des F.F.I demandant audience à Mr Orrion .../...

    Vers midi deux voitures américaines sont arrivées et la foule s'est précipitée vers eux pour avoir des cigarettes. Les Américains ont demandés à être conduit au pont de Pirmil, en reconnaissance des positions occupées sur l'autre rive du fleuve par les Allemands qui étaient les objectifs de leurs cannoniers. Mr Caillaud m'a désigné pour les y conduire .../... Vers cinq heures de l'après-midi est arrivée le gros de l'armée américaine avec des tanks passant à toute allure; celà avait un air beaucoup plus militaire .../... et nous entendions le soir le miaulement des obus américains qui passaient au-dessus de la ville. L'heure de police était maintenue à 21h, ce qui était fort heureux pour éviter les beuveries nocturnes qui dégénéraient en disputes ... en fait, avant de nous coucher, nous avons vu passer dans la rue déserte, une patrouille de soldats américains chargée de faire respecter le couvre-feu; mais chacun avait manifestement fêté son entrée à Nantes et se pendait au bras d'une fille.

    Après le 12 août

    Jusqu'à ce que les Allemands abandonnent définitivement leurs positions, nous avons tous été, Défense Passive et Croix-Rouge, présent, de jour et comme de nuit; avec notre vie ponctuée par les passages d'avions, les tirs de D.C.A et les obus passant sur nos têtes. Au poste de Dobrée, il a fallu interdire aux équipiers de monter sur la terrasse de la plus haute tour d'où ils aperçevaient la rive sud, car leur présence nous a valu quelques obus allemands sur le quartier. La C.R continue la distribution de lait et la Défense Passive s'affaire au déminage et au désamorcage des bombes. Nous voyons amener à Rosmadeuc les chapelets de mines et les poches de poitrine débordaient de crayons de dynamite : c'étaient pour nous des camarades, .../...Gendron et Tahar ont trouvé la mort. Le dimanche 13 août le quartier Sainte-Croix se trouvait cerné par les F.F.I qui recherchaient des Allemands et des collaborateurs, ... j'ai vu un officier Allemand en uniforme, qui, les bras levés, venait se rendre. Les F.F.I qui étaient aux avants postes de Pirmil face aux Allemands, se sont plaints devant moi d'être trop peu nombreux et jamais relevés.

    Le 15 août, nous avons défilés jusqu'aux tables du Monuments aux Morts où devait se dérouler le salut aux couleurs; j'étais en serre-file de l'équipe de la Croix-Rouge, faisant scander le pas. Nous y avons entendu un discours qui était un appel à l'épuration et à la vengeance. Ont pris la parole, Mr Jacquier, Commissaire de la République pour la Région d'Angers (Michel Debré dit Jacquier), le speaker de Radio-Londres, le Lieutenant de Vaisseau Jean Marin ... Mr Orrion avait été interdit .../..., puis ce fut une manifestation de cris aux "vive Orrion". Archives municipales

    Nous allions connaître de sombres jours, des vengeances pour des causes étrangères à la collaboration. Aux divisions nées du fait de l'occupant allemand allaient s'ajouter d'autres fractures entre Français.

    Le 18, deux officiers canadiens devaient prendre le contrôle de la Défense Passive ... ce 18 août, notre visiteur était le Lieutenant Brandin (nom d'emprunt qui cachait une désinence juive), qui était venu s'entretenir avec mon ami Palan, le futur Secrétaire Général du Préfet, et mon cousin Alexandre Vincent. Brandin venait à Nantes, pour mettre fin à la parution du Phare de la Loire qui avait paru pendant toute la durée de l'occupation, sous contrôle allemand, et qui avait prétendu paraître "libérée" le dimanche 13 août ..., le premier numéro de la "Résistance de l'Ouest", daté du jeudi 17 août, annonce la disparition du Phare (.../...) Le Lieutenant Brandin qui venait de Londres s'imaginait qu'en France occupée, s'était instauré partout un véritable culte au Maréchal Pétain, or nous avions été coupés de Vichy par une sorte de frontière, sonnés par les Allemands puis par les Américains ...

    De cette époque, à la Libération, il nous restaient dans notre salon encore plusieurs centaines de casques datant de 1914-1918 qui ont été remis aux F.F.I.

     La Libération de Nantes ... suite

                           


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    d'après les notes de Marie-Antoinette Les rapatriés

     Message : BLOG en suspens ... actuellement









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  •     39 Photos inédites

    Deux volontaires de la Défense Passive (lieu non-identifié) - Rue du Moulin : 2 membres de la Défense Passive escaladant le squelette métallique et les gravats du bâtiment des Grands Magasins Decré (à l’arrière plan, le clocher de l’église Sainte-Croix).


                    

    Rue du Calvaire, les immeubles en ruine (à l’arrière plan, l’église Saint-Nicolas) - Deux volontaires de la Défense Passive [lieu non-identifié].

                    

     Rue de l’Arche-sèche : vue prise du pont de l’Arche, en direction de la place Royale - Rue du Calvaire : les immeubles en ruine (à l’arrière plan, l’église Saint-Nicolas).

                    

     Rue de la Marne : le squelette métallique du bâtiment des Grands Magasins Decré (vue prise à l’angle de la rue de la Marne et de la rue de la Poissonnerie) - Rue du Calvaire, rue Boileau : le Grand Bazard Nouvelles Galeries en gros plan.

                    

    Place de l’Hôtel de Ville. Les ruines de la pharmacie de l’hôtel de ville depuis la cour de l’hôtel - Vue générale de la place Royale avec la fontaine cernée d’immeubles en ruine.

                   

    Quai de la Fosse : Les quais ruinés en aval du pont transbordeur (photographie prise du bas de la butte Sainte-Anne) - Quai de la Fosse, quai Ernest Renaud : les grues du port et un navire coulé face à la compagnie Worms (photo prise du bas de l’escalier de la butte Sainte-Anne).

                   

    Place de l’Hôtel de Ville : un immeuble en ruine - Lieu non identifié [sans doute rue du Calvaire] : les décombres vus à travers une porte en fer forgé.

                   

    Lieu non identifié [sans doute rue du Calvaire] : la rue noyée sous les décombres - Rue du Calvaire : la rue en ruines, avec personnages.

                   

    Rue du Calvaire : la rue en ruines, avec personnages dont un au premier plan, notez l'expression du visage (le photographe?) Rue de la Pérouse, Place Royale : les décombres d’un immeuble bouchant la rue de la Pérouse vers la Place Royale, derrière un véhicule brûlé.

                   

    Immeuble de la butte Sainte-Anne en ruine et navire coulé face à la compagnie Worms (photographie prise du haut de la butte Sainte-Anne) - Lieu non identifié. [sans doute rue du Calvaire] : amoncellement de poutres métalliques et de gravats derrière une rue pavée.

                   

    Rue Racine : la rue noyée sous les gravats au niveau du café des Arcades - Rue du Calvaire, rue Boileau : le Grand Bazard Nouvelles Galeries en gros plan.

                   

    Rue de l’Arche-sèche : les décombres au pied de l’escalier, avec personnages - Place Royale : un soldat Allemand et des Nantais de dos, devant la fontaine de la Place Royale entourée d’immeubles en ruine, la statue est toujours debout.

                    

    Quartier Doulon : les maisons en ruines - Quai Brancas : l’Hôtel des Postes et Télégraphes et la rue de la Pérouse en ruine.

                    

     Lieu non identifié : [sans doute rue du Calvaire], ruines du magasin "Le Chat Noir, meilleur marché de Nantes" - Rue de l’Arche-sèche : vue prise du pont de l’Arche, en direction de la Place Royale.

                    

     

        

    Suite dans ce diaporama. Quartier Sainte-Croix, un homme regardant des poutrelles métalliques tordues, des Grands Magasins Decré ??? Sans doute s'agit-il du photographe de ces photos qui lui-même se prend à l'aide d'un retardateur ou son assistant, ou un ami de celui-ci ??? et que l'on retrouve sur plusieurs des photos. slide n'existe plus et remplacement par flickr 

    http://www.flickr.com/photos/82790936@N02/show/

     

                       Crédit-Photos : (pour des photos plus nettes) 

                            Merci à M270 & Frantz, du forum du béton féraillé...

     

     

     


  •      L'étoile de David

    J'ignorais l'obligation qui avait été faite aux Juifs de porter une étoile jaune et n'avais aucune notion de ce que pouvais signifier l'Etoile de David. Lorsqu’un matin, place Royale, j'aperçus un couple, déjà âgé, que je savais tenir une boutique dans le centre ville. Il était arrêté au coin de la rue Lapérouse sur le trottoir, face à la place, et portaient l'un et l'autre une étoile jaune bien vue. Il n'y avait personne d'autre sur ce coté de la place et j'ai été frappé par la tristesse grave de leurs deux visages; ils étaient comme deux mannequins dans une vitrine et ne se parlaient pas. Je n'ai jamais vu d'autres personnes ainsi signifiée. Je les ai revus, après la Libération, accoudés à leur fenêtre, rue des Carmes. Je ne sais comment ils avaient survécu entre-temps.

    * Du XIVe au XVIIIe siècle, cette étoile de David fut largement diffusée dans la communauté juive qui en fit un symbole, celui de la Rédemption. Le port de l'étoile fut imposé par les nazis, comme signe d’identification des Juifs, causant la mort de six millions de personnes issues de cette communauté. En savoir plus ...

     

       

     

    Pendant la période d'occupation, en 1943, nous savions que les boutiques et les entreprises appartenant aux juifs avaient été mises sous séquestre. Leur gérance était habituellement confiés aux Arbitres de Commerce, administrateurs judiciaire et Syndics de faillite près le Tribunal de Commerce. Nous avions appris que des confiscations avaient été pratiquées et une association, gérée par deux Français, le C.O.S.O.R, (qu'il ne fallait pas confondre avec le Secours National), occupait à partir de décembre 1943, sur réquisition préfectorale, le grand magasin d'angle (les Papiers Peints Leroy), situé au rez-de-chaussée et appartenant à mon beau-père, situé juste en dessous de notre appartement (.../...). A Noël, le C.O.S.O.R annonçait une distribution de jouets aux enfants de prisonniers; il y eu foule, mais rien n'indiquait qu'ils provenaient des biens confisqués aux Juifs (.../...) 

     

        

         Le S.T.O - le marché noir

    Le bâtonnier nous convoqua tous un jour pour nous faire part des instructions qu'il avait reçu officiellement, au sujet du STO. En fait, on ne voyait pas très bien quelle contribution pourrait nous être demandée à l'effort de l'industrie allemande. Mais il y eu au moins un confrère à paniquer, alors que ses aptitudes le portaient surtout vers les beaux-arts et l'archéologie.

    Pour quelques gens, la municipalité avait permis à beaucoup de jeunes sans travail et proie désignées pour le STO, de s'engager dans des équipes de déblaiement contre rémunération.

    Après  le pillage des magasins, sous les charges de prélèvement au profit de l'Allemagne, de l'inflation des francs d'occupation, peut-être de fausse monnaie profitant aussi bien aux agents des alliés qu'à ceux des occupants, de la déportation en Allemagne de la main-d’œuvre française, du ralentissement de l'activité économique, et sans doute d'autres facteurs, nous avons connu la pénurie, et le marché noir s'est organisé ainsi que le troc : nous avons connu la pénurie et ma mère se privait, car elle ne faisait que renouveler ce qu'elle avait fait à Versailles pendant l'autre guerre, donnant ses cartes de pain aux lycéens et il fallait se fâcher pour limiter ses libéralités. Contre quelques secours juridiques nous avions pu avoir de la viande grâce à un client boûcher. Mme Jouy a un jour fourni des œufs à ma femme; celle-ci est allée en bicyclette jusqu'à Mormaison, où sa famille possédait quelques fermes; elle en revenait sur sa machine surchargée de toute part, avec du beurre, des pâtés, des pois secs, et pédalant à grande-peine les jambes écartées, ce qui attirait l'attention des contrôleurs postés à l'entrée de Nantes à l'affût des revendeurs du marché noir, mais qui laissait passer le ravitaillement familial.

    Les vrais trafiquants, eux, transportaient la viande, soigneusement emballée morceaux par morceaux dans une serviette, le tout placé dans de belles valises plates qu'ils faisaient chargés sur le toit de l'autocar qu'ils empruntaient. J'en ai été un jour le témoin. Beaucoup de personne firent fortune de ce marché là.

     

      - Fin de l'article -

        

     

     

     

     

     

     

     

     


  •    Leni Riefenstahl, arts and propaganda films

    Le retentissement de l'affaire des otages de Nantes, Chateaubriand et Paris, Bordeaux, à été national. La réaction des Nantais à d'abord été celle de la stupéfaction, de l'interrogation puis de l'indignation et de l'horreur face aux Allemands.

    Les Nantais se sont rendus compte du vrai visage de l'occupant, la ville entière était endeuillée.

    De nombreuses personnalités civiles ou religieuses, des Nantais inconnus, se sont manifestés pour la défense des otages. Parmi eux, des offres de sacrifice volontaire en échange de la vie d'otages. Armel de Wismes, historien Nantais relate cette époque.

    C'est une page douloureuse de la ville de Nantes aujourd'hui parfois méconnue des Nantais eux-mêmes.

    La responsabilité ou non de Pierre Pucheu, ministre de l'intérieur à Paris, fait encore l'objet d'une controverse, quand à la désignation des otages. Entre Paris le gouvernement de Vichy, Berlin et Nantes, des décisions se sont prises pour établir les noms des otages. Il fallait exécuter des otages de tous bords politiques pour marquer "la sanction allemande" auprès de l'opinion publique; il fallait donc des otages qui ne soient pas que communistes. Des tractations et négociations ont pu aboutir à une liste de 50 otages. 

    Les exécutions d'otages n'ont pas eu les effets escomptés de la "punition" allemande et ont contribués à renforcer la résistance et multiplier les attentats et sabotages de part la France; A Nantes, la traque des terroristes était intensifié par la SD associée à la SPAC (rebaptisé SRMAN). La Police française s'active pour rechercher les "terroristes". (Les groupes Résistants Hévin, Vandernotte et Max Veper sont dénoncés). En juillet 1942 une vaste opération d'arrestations est menée: 143 personnes sont ainsi interpellées...  en janvier 1943, s'ouvre à Nantes le procès dit des « 42 »; en réalité, 45.

    La population Nantaise est "coléreuse", même la Police refuse le salut aux officiers Allemands rapporte l'état-major.

    En dehors des réseaux de résistance datant du début de l'occupation, il existait une forme de soulèvement populaire qui alimenta les maquis de la région. Le maquis de Saint-Mars-la-Jaille, de Saffré, maquis de Domeschne et de Juigné, de Princé ... et comme presque toujours il y eu des dénonciations.

    (Photo : Leni Riefenstahl, arts and propaganda films)

     

     


  •    Aristide Martineau était tout jeune avocat maritime (L'Ouest-Eclair du 21/05/1937). Engagés comme chef des Equipes d'Urgences à la Croix-Rouge et avec sa femme Marie-Antoinette comme infirmière, ils relatent tout deux les moments passés à Nantes et leur soutient auprès des prisonniers et déportés, en mission dans la Sarre. Cette deuxième partie qui comporte 100 pages n'est pas dévelloppée actuellement dans ce blog. Son expérience dans les camps de réfugiés est comme il dit "sans commune mesure avec ce que nous avions déjà vécu à Nantes et fut une expérience spirituelle parfois éprouvante", "l'appartenance à la Croix-Rouge nous valait un supplément d'idéal qui dépassait l'appartenance à une nation ...", "en retour nous avons reçu un cadeau magnifique, la clef qui ouvrait le contact avec les autres, la possibilité de connaître, de comprendre et d'être acceptés par les hommes quels que soient leur milieu social, la couleur de leur peau, leur race, leur culturel, leur croyance ou leur philosophie, un dépouillement de préjugés, de traditions purement formelles ...".

    La motivation de publier une partie des notes de Aristide est lié à mon intérêt pour l'histoire familiale de cet aïeul pendant la guerre. Il ne s'agit pas içi de trouver une forme d'objectivité ou de jugement sur cette période historique. Ce blog conserve donc une partie familiale qui est à prendre comme tel et sans tabous. (Le carnet de notes personnel de Fernand Soil ici  retrace cette période).

    Plusieurs écrits et critiques ne sont pas répertoriés dans ce blog, notamment sur les évacuations civiles de la "Poche" près de St-Nazaire, qu'il n'est pas possible de regrouper içi; également sur des bulletins, la correspondance de la Croix-Rouge ainsi que des notes sur les Américains; et bien-entendu, un plein d'anecodes familiales et de noms de personnes dont ce vieil Oncle et Marie-Antoinette étaient friands, ... il est aussi peu question de Jean Martineau qui n'a pas laissé de notes sur ses activités à Tharon, associé à ses fonctions, avec le Lieutenant Commandant de Gendarmerie à Paimboeuf. 

    ____________________

    "J'allais vivre la guerre pour la deuxième fois" ! dit Aristide Martineau.

    Tout jeune, j'avais connu la Guerre, la première mondiale, principalement à Versailles, avec les cartes de ravitaillement; les alertes, les bombes tombées du ciel dont nous allions voir les méfaits le lendemain matin, les Zeppelins allemands et les Dirigeables français qui passaient au-dessus des maisons; le Grand Canal sous ses camouflages; les sacs de sable devant les façades du château; la "Grosse Berta" alors que j'avais commencé à fréquenter le Lycée Hoche où l'on nous avait fait descendre dans les caves; les cortèges de réfugiés; les lueurs du front en 1918 que nous allions voir, la nuit, aux lucarnes des greniers; "la grippe espagnole" et le dévouement de ma mère pour ensevelir les morts jusqu'aù jour où elle-même en fut atteinte; puis les salves des canons devant nos fenêtres, sur la Place d'Armes, le 11 novembre 1918; et, pendant ces années, mon père, mobilisé et souvent absent, ses récits sur le fort de Vaux, ma mère faisant face à une relative pauvreté, sans personnel domestique, avec ses trois aînés; et le quatrième qu'il avait fallut placer à Oudon où la vie matérielle était mieux assurée .../... J'ai beaucoup appris de mes parents : le sang-froid, le dévouement aux autres, le respect des plus démunis et leurs différences.

     La Déclaration de Guerre, en 1939, n'était que l'aboutissement d'un long processus ... 

    Et en dehors de tout jugement sur la conduite des opérations militaires et de la politique pratiquée en France, celle-ci nous avait paru vidée d'une grande partie de sa population au nors et à l'est et atteinte de congestion dans le Midi où avait reflué la population. Les "élites" en avait fâcheusement montré l'exemple; et l'embarquement des Parlementaire sur le Massilia et les propos versatiles du chef du Gouvernement, Paul Reynaud, n'avaient pas concrétisé un appel franc qui aurait pu faire naître un sursaut et justifier un repli sur l'Afrique du Nord pour y poursuivre le combat. 

    L'appel du 18 juin ne nous est parvenu qu'avec retard et déformé; et Churchill avait, de son coté, proposé à la France la fusion avec la Grande-Bretagne tout en coulant nos navires. L'Armistice allait permettre aux Français pris au piège du Midi, de rentrer chez-eux; et une reprise en mains par l'administration civile, malgré le contrôle pesant de l'occupant. Nous avions vu trop de gens démissionner. Plus tard, certains se sont engagés dans la Résistance, qui, en cet été fatal, avaient perdu courage et autorité.

    Par la suite, qu'allions nous connaître du Gouvernement de Vichy ? Nantes était sous occupation allemande et Vichy dans un autre monde ... Comment porter un jugement, n'ayant que de prétendues informations pour nous incontrôlables et partisanes ? En 1945, avec Marie-Antoinette, ma femme, nous avons réalisés auprès des "personnes déplacées" en Allemagne, ce qui nous avait été épargné. Peut-être nous dira-t-on : "Vous avez survécu", ou bien "vous vous êtes contentés de survivre", comme celà fut dit après la Révolution française. Mais nous avons fait plus que celà !

     

    Préambule  


  • Bref rappel historique du CNRD : La Loire-Inférieure voit une mobilisation sans enthousiasme, espère en la victoire, puis connaît les heures douloureuses de la défaite annoncée. Dès mai 1940, les réfugiés affluent, repoussés par l'avance allemande. Mi-juin, les troupes anglaises débarquées en septembre 1939, refluent et rembarquent à Nantes et à Saint-Nazaire. Le 19 juin, les Allemand occupent Nantes, déclarée « ville ouverte ». Le même jour, à Saint-Nazaire, le cuirassé « Jean Bart », en voie d'achèvement, prend la mer pour gagner Casablanca. Le département s'installe alors dans l'occupation ; rationnement et réquisitions pèsent sur la population qui reçoit des tickets. Le marché noir se développe...

     

    Une fourmilière bousculée

    Les militaires

    La débacle, des troupes anglaises ont séjournées à Nantes - En ville, un soir, j'ai vu passer un camion : les soldats ivres qui encombraient les trottoirs y étaient jetés sans ménagement - Un après-midi chez Decré, un homme en uniforme anglais, allongé sur le sol, parraissait malade et des passants ont voulu le secourir; il est apparu alors qu'il portait une grande croix sur la poitrine. Etait-ce un pasteur ?

    L'Armée anglaise avait un entrepôt important à la Chapelle-sur-Erdre abandonné peu de temps avant l'arrivée des Allemands. Cet entrepôt a été dévasté et pillé par des civils français. Un matin j'ai eu la surprise de voir défiler un régiment français devant le Palais de Justice (des troupes françaises étaient cantonnées autour de Nantes)

    Les réfugiés

    Dans les mois qui ont précédés et suivi la Déclaration de Guerre, nous avons vu arriver à Nantes, venant s'intégrer à une Communauté Israélite très intégrée et estimée, car engagée surtout dans un commerce de qualité, d'autres israélites, peut-être Français, en tout cas parlant notre langue, qui ont commencé par ouvrir des boutiques d'un achalandage modeste... Nos premiers locataires ont été des Roumains, les Polanski, des gens aisés et charmants, qui nous avaient été recommandés par les Worms, ces derniers ayant eux-mêmes replié leurs affaires de Paris à Nantes où ils avaient déjà des intérêts dans les charbonnages et dans l'armement... Bientôt ils ne se sont plus sentis en sécurité à Nantes... et après la guerre nous avons appris qu'ils avaient péri du fait des nazis qui les avaient déportés et que seule une toute jeune fille avait survécu (ce qui pour moi était un dur rappel du sort de ma famille paternelle, en 1793-1794, où un seul jeune garçon, Pierre 3 ans, avait survécu sur toute une famille). Bien des juifs installés à Nantes ont ainsi disparu, victimes de la barbarerie nazi.

    L'armée allemande ayant engagée le fer, les premiers réfugiés civils sont arrivés en gare de Nantes, précédant de peu le défilé des automobiles : Hollandais, Belges, Français s'empressaient alors de franchir la Loire pour foncer jusqu'aux Pyrénées et venir buter sur la frontière fermée du coté Espagnol.

    Une campagne de dénigrement se développait contre les Belges, dont le Roi s'était vu contraindre de capituler, tandis que le gouvernement français s'efforcait d'arrêter l'exode qui entravait les opérations militaires. Bientôt ce serait le passage des parisiens et même celui des bretons. Certains cherchaient à monnayer de l'argenterie contre de l'esssence (.../...). Nous avons hébergé gratuitement de nombreuses familles et la Garenne (sur la route du Chêne à Vertou) était pleine de réfugiés. (chez-nous, veuve Laud de Cambray Fabry de Bruxelles, Biégen d'Anvers, Delaunay de Tourcoin, notre ami James Govare qui fera parti de la Résistance, .../...) Duclert de Neuilly-St-Front, greffier de Paix, qui nous ont expliqués qu'ils avaient vu partir successivement la population civile et les autorités civiles, puis, laissés pour compte par leurs clients, ils n'avaient eu pas le choix que de partir à leur tour; et ils avaient emmennés les vases sacrés de l'église... (il est souvent question dans mon récit de Fortunat Demonceau qui avait quitté la Belgique en 1940 et qui a rendu d'immense services à la famille, et repartis en 1945 en emmenant le cercueil de leur mère, décédée pendant leur séjour, Vertou).

    Nous avons vu également arriver la soeur de mon père, Mère Marie-Thérèse Martineau, religieuse bénédictine du monastère de Saint-Louis du Temple, rue Monsieur à Paris. A Paris, les religieuses avaient d'abord pensé revêtir des vêtements civils, puis devant la rapidité de l'avance allemande, après avoir consommé dans la Chapelle, la réserve d'hosties consacrées, tout le couvent avait pris la route, à pied, dans le cortège des véhicules et des piétons qui s'éloignaient de Paris, dans un ensemble à décrire par un nouveau Callot : "Misères de la Guerre !".

    La vie succède au trop plein

    Ma femme payait son surmenage, du prix pour elle habituel : elle devait s'aliter. Les Guillaume refusait notre accueil et espérait une voiture attelée de chevaux. Mon jeune beau-frère Jacques Baranger après Londres sera finalement engagé dans les F.F.L et se battra en commando en Lybie. Nous recevions des messages transmis par la Croix-Rouge depuis Londres... Michèle Baranger regagnait la propriété la Bergerie en Billiers, et Renée Catrou avec la jeune Anne et ses parents, quittait la Courie en St-Augustin-des-Bois; l'enfant et sa mère enceinte se réfugiaient chez mes parents rue Crébillon. Des cousins fuyant leur propriété de Rieux, avec deux voitures, nous proposaient de nous emmener craignant d'être pris en otage par les Allemands. A Nantes, comme ailleurs, une partie de ceux qui se considérait comme " l'élite ", avaient pris la route.

    (.../...) Marie-Antoinette revêtissait sa blouse et sa cape d'infirmière de la Croix-Rouge, qui devaient, pensait-elle, la faire respecter par les Allemands, et se rendit à l'Hôtel-Dieu. C'est ce mercredi que les Allemands sont entrés en ville, et y ont placardé leurs premières affiches, s'essayant à rassurer la population sur leurs intentions : "Les soldats Allemands sont vos amis". Un avion Français ayant survolé l'Hôtel-Dieu fut pris en chasse par la D.C.A et des éclats de métal sont tombés. A la Garenne, mon beau-père a surpris un soldat français caché dans les bois et lui a procuré des habits civils (.../...).


  •   La Libération de Nantes 

    Le contexte : pour lutter contre le Bolchevisme, Laval collaborera en allant au-delà des attentes des Allemands. Il n'y a pas de différence entre un " Vichy de Pétain " et  un " Vichy de Laval " pour la France. Il veut préparer l'Europe de l'après-guerre dans une Allemagne victorieuse, mais il est l'homme politique le plus détesté des Français. En août 1944, les alliés sont proches de Paris, et avec Pétain, ils s'enfuient en Allemagne ...

    A nantes pendant ce temps, les Allemands, dans leur fuites, font sauter les ponts et les installations portuaires ..., les F.F.I précèdent les Américains et rentrent dans la ville de Nantes, enfin libérée. C'était le 12 août 1944, moments inoubliables.

    Le 14 janvier 1945, le Général De Gaulle fera à Nantes une ovation formidable; et n'est-ce pas à Nantes, qu'il a eu raison de le dire ? :)

     


    A Nantes, le mois d'août, marqué par la Libération, n'a pas été celui de la fin de l'occupation du département. Car jusqu'aù 12 août, les Allemands  balançeront leurs munitions, entre velléité de résistance et départ mêlée de panique, tandis que les Américains attendront aux limites nord-ouest que celà mûrisse, ... et cela mùrirat mal.

    Le soir du 12 août, les patrouilles américaines auront remplacés les patrouilles allemandes dans le centre-ville; mais les Allemands, après avoir fait sauter les ponts de la Loire, tireront au canon sur la ville depuis les quartiers sud de l'agglomération; et le 29 août, ils occuperont encore pendant 9 ?? les deux cotés de l'embouchure du fleuve.

    Je relaterai nos souvenirs de ce mois d'août en trois paragraphes : "avant le 12 août", "le 12 août", et "après le 12 août".

    Avant le 12 août

    Nous sommes en principe consignés dans la ville et en permanence à la disposition du Poste Central où nous disposions de casernements; mais notre isolement n'est que relatif, car nous n'avons jamais occupé les couchettes au rez-de-chaussée de l'Hôtel Rosmadeuc, à coté de celles de Mr Caillaud et autres dirigeants ... 

    La ville est entourée de tranchées anti-chars et de champs de mines. Nous savons qu'une division blindée allemande vient depuis le sud de la France par l'ouest du pays. Les allemands qui ont leur bases sous-marines à St-Nazaire et se ravitaillent dans le pays de Retz vont-ils chercher à maintenir une tête de pont sur la Loire à Nantes ? la perspective d'un combat pour la possession de la Ville, place la Croix-Rouge, avec son statut international en 1er rang, avec la Défense Passive. cette dernière est d'ailleurs infiltrée, surtout par les FFI; de même que les Equipes Nationales, tandis que Mr Mabit le Directeur des Equipes d'Urgences, insiste pour que celles-çi conservent leurs effectifs et leur neutralité du point de vue militaire; sans complaisance pour l'Allemand et au service de la population, et que la Défense Passive lui apporte ses moyens en hommes et en matériel.

    Cela se traduit concrètement par l'installation et l'équipement d'une quarantaine de postes de secours de la Croix-Rouge à la périphérie de l'agglomération et par l'approvisionnement de celle-ci, en lait, acheminé par les équipiers; tel Mr Hervo, Ollivier et Villeneuve, à travers les champs de mines pour être distribué à la population ... Pour reprendre contact avec la laiterie de la Chapelle S/Erdre (sans doute à la Perverie), en gagnant la Jonelière en bicyclette, j'ai franchi la voute en partie effondrée de l'arche de pierre du pont de chemin de fer ... rétabli pour le Marquis Olivier de Sesmaisons (.../...).

    Et, comme il est important de se faire respecter par l'autre partie combattante : Jacques Vincent, l'adjoint de Charles Mabit : a été chargé de prendre contact avec les Américains, (alors qu'un flottement était apparent à partir du 4 août dans la partie allemande). Nous aurons d'autres occasions de rencontrer la méfiance des Américains : et ceux-ci vont d'abord considérer Vincent comme un espion, et pendant plusieurs jours, nous ignorerons tout de son sort.

    Pour équiper les 40 postes de secours, j'avais été honoré des "réquisitions" aux magasins de la Commune de Nantes; j'ai largement puisé dans le stock des brancards contre un engagement écrit et signé de tout restituer "au plus tard". Contre un engagement semblable à la Préfecture, je me suis fait remettre des bouteilles vides de vins fins que nous destinions à contenir du mercurochrome (.../...), tandis que se succèdent avis d'alertes, attaques d'avions en piqué et bruits d'explosions, les troupes allemandes se débandent et les Américains sont à nos portes.

    Beaucoup de Nantais se retrouverons en ville, comme le feront mon beau-frère Sauteron ..., le 4 août la population se rassemble en masse au bas de la rue Paul Bellamy et du pont Morand; elle s'apprête à recevoir les Américains avec des fleurs, mais ceux-ci ne se montrent pas et le commandement Allemand reprend ses troupes en mains. J'ai noté que le 11, le secteur Centre, a envoyé des renforts aux postes de secours : aux Vesprées, Dubost et Mlle de Trégomain, au Locquidy, Mme Talopp et Mlle Réau de Varenne. 

     

    La Libération  

         

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


      

     

     

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    Qui peut bien être à l'origine de ce serment d'un autre âge et qui, imposé à beaucoup de Français, n'en a finalement engagé qu'un petit nombre ? Il a été demandé aux membres de la Légion d'Honneur.

    Et je me souviens de la rage de mon père qui, pour continuer à porter son ruban rouge a dû se résoudre à prêter serment devant des Magistrats auxquels il avait aussi été imposé et qui ne cachaient pas l'avoir prêter eux-mêmes avec des restrictions mentales. Et je l'ai un jour prêté pour ainsi dire à la demande de la loge maçonnique.

    Les Francs-maçons avaient été exclus de la magistrature. A cette époque, des avocats remplissaient les fonctions de suppléants du Juge de Paix lorsque celui-ci était empêché ou que son successeur n'avait pas été désigné. Notre confrère Tabart était l'un des suppléants du Juge de Paix du 5ème canton à Nantes, le second étant Me Le Gras de Grandcourt. Me Tabart était F.M et le Garde des Sceaux, à Vichy, demandait de lui désigner un remplacant parmi les avocats du Barreau de Nantes ? Certain confrère que le Procureur et le Président estimaient sensible à la collaboration, était prêt à faire acte de candidature. Il tenait des propos du genre "j'ai de nombreux enfants dont je dois assurer l'avenir". Le secrétaire du Parquet m'appelat dans son bureau et me pressa de me porter candidat. Je m'en suis expliqué avec Me Tabart qui me confirma que lui-même était d'accord avec le Parquet et le Tribunal pour que je sois deuxième suppléant auprès de Me de Grandcourt qui devenait premier suppléant. Je rendis visite au Président Dubost qui m'incita également à aller dans ce sens. Comme je manifestais ma réticence, tous me firent valoir qu'ils désiraient une autre candidature. Mon père n'y faisait pas obstacle et j'ai prêté serment devant la Première Chambre du Tribunal avant d'être installé comme Juge de Paix suppléant.

    A la Libération, j'ai voulu restituer sa place à Me Tabart, mais il me fut répondu que tout était convenu avec la Chancellerie et que le nombre de suppléants avait été élevé à trois suppléants à titre exceptionnel, soit Me Tabart, Me de Grandcourt et moi-même. Cette exception ne prit fin qu'avec le décès de Me Tabart quelques années plus-tard.

     


  • Les deux bombardements 

    Je n'ai gardé aucun souvenirs particulier du bombardement du quartier du Port, sinon que les avions, que la rumeur a identifié comme appartenant à la Royal Air-Force, ont pris des risques, en attaquant en piqué, et que leur tirs a été précis, que les Allemands ont souffert, tandis que les bombardiers des U.S.A lâchaient leur tapis de bombes de très haut. Après la Libération, j'en ai parlé avec des parents et des amis Français engagés dans la R.A.F, qui m'on dit avoir demandé à être plus spécialement désignés pour les raids sur la France, et ainsi épargner, autant que possible la population. Ma femme se trouvait sur le quartier de Ste-Anne ce matin là ...

    Le bombardement de l'après-midi nous a laissés des souvenirs beaucoup plus complet : lorsque autour de 19 heures les sirènes ont retentit, nous étions rue Thiers et nous sommes immédiatement descendus dans la rue pour gagner l'abri du Poste Central dans les caves de Rosmadeuc. Encore paralysé avec mes jambes et mon coeur irrégulier (conséquence de ma diphtérie encore présente), je retardais la marche de ma femme qui m'assistait et me pressait. Enfin..., nous sommes passés par la cour d'honneur et les couloirs desservant les bâtiments où nous avions au moins un toit pour nous garantir contre les éclats de la D.C.A (.../..). Les Grands Magasins Decré brûlaient; aussi l'orphelinat de la rue Bossuet avait-il été évacué : les Orphelins se sont trouvés rue des Orphelins, à l'hospice de vieillards du Grand Saint-Joseph. Une aile de cet hospice ayant recu des bombes, il y avait des blessés et des morts parmi les religieuses et les vieillards; après la guerre, en qualité de Président de la commission administrative de cet hospice, j'ai eu à connaître de sa reconstruction - (un pan entier d'anecdotes et de noms ne sont pas retranscrit ici pour aider à la fluidité du texte).

    Le bombardement de la soirée du 23 septembre avait été la réplique de celui du 16 septembre, mais il y avait moins de victimes. C'était encore un jeudi (à vérifier?), il faisait beau et il y avait foule en ville, mais au lieu, comme à l'habitude, de rester sur la voie publique ou de sortir sur les balcons pour voir les avions, cette fois ci les gens avaient pris le chemin des abris. L'état de la ville s'était aggravé, plus d'électrécité, plus de gaz, plus d'eau, et cependant, les autorités civiles demandaient à la population de ne pas quitter la ville (3) et d'y reprendre leurs activités; et des locaux de fortune apparaîtront un peu partout. Le succès de cet appel a été relatif, et beaucoup de Nantais iront coucher hors de la ville par crainte de nouveaux bombardements, sauf à y revenir pour travailler et y faire quelques courses.

    La municipalité a permis à beaucoup de jeunes sans travail et proie désignées pour le S.T.O, de s'engager dans des équipes de déblaiement contre une petite rémunération. Des sortes de soupes populaires se sont ouvertes içi ou là. Il est né chez certains membres de la Coix-Rouge, un état d'esprit regrettable faisant une distinction entre les équipiers de la Défense Passive, en service permanent et rémunérés, et les Volontaires de la Croix-Rouge. Alors que nous étions au total environ 20 000 animés par même dévouement ! nous avons été de ceux qui ont refusé toute distinction et nous avons servi la Défense Passive comme auxiliaires appartenant à la Croix-Rouge Française. Mais certains, à la Défense Passive, nous ont dit leur amertume ...


     

     

     

                                               

    Plan du vol 

     

     

    Il est difficile de saisir l'énormité de l'accumulation de l'armée américaine, toutes les fonctions exercées par les millions d'hommes et de femmes impliqués, afin d'obtenir un résultat commun en quelques années de temps. Le coût et le niveau d'effort ne seront probablement jamais répétés par l'humanité. Stacy Scharch

     

     

     

     

     

     

     


  • Rue de l’Arche sèche

    Nantes, le 16 septembre il faisait très beau, c'était un jeudi et il y avait beaucoup d'enfants avec leur mère au Jardin des Plantes, lorsque retentit le signal d'une alerte et, très vite, le jardin fut arrosé d'éclats de la D.C.A. Le bâtiment de l'Ecole d'Horticulture se remplit d'enfants et de femme; et avec quelques hommes, nous restions dehors près de la porte d'entrée demeurée ouverte et pleine de monde. D'autres personnes étaient couchées sous les massifs d'arbustes (là où devait tomber des bombes le jeudi suivant).

    Nous sentions fortement l'odeur des fumigènes et un bruit continu était comme celui des tôles que l'on auraient froissés. Celui de la dernière chute de bombes fut le plus impressionnant, et aussitôt s'éleva une colonne de fumée en direction de la rue du Calvaire. Et ce fut le Silence ...

    Je vis une femme enveloppée dans un veston d'homme pour cacher sa nudité et rue Georges Clémenceau, des gens sortaient des maisons sur les rues, pour inspecter les facades, qui, d'ailleurs n'avaient pas subi de dommages. La place Royale et la rue du Calvaire brûlaient; des toitures étaient soufflées, le sol jonché de débris de pierre et de bois; place de l'Oratoire les vitres étaient brisées aux fenêtres. En avançant vers la place Louis XVI, j'aperçus la facade du Cercle et la colonnade qui avait disparue, la toiture restait suspendue au-dessus du vide; place Saint-Pierre, je vis un homme assis, immobile et raidi, la figure sillonnée de filets de sang par la poussière de tufeau. Rue Chateaudun, il y avait beaucoup de monde, des maisons ruinées. Je franchis un barrage de police. En face de l'Hôtel de Ville, la maison de nos cousins Arondel n'y était plus. Place du Cirque, les immeubles des cousins Vincent et Sébilleau s'étaient effondrés et la rue de l'Arche-Sèche infranchissable (photo).

    Nous pouvions heureusement emprunter l'avenue établie sur l'ancien lit de l'Erdre qui avait été comblé, sans quoi la ville eu été coupée en deux : les emplacements des anciens quais étant obstrués par des immeubles effondrés.

    Dans la journée, nous apprenions les décès de mes cousins Franck Bougouïn (Francois marié à Simonne Vincent) rue de l'Arche-Sèche, de Pierre Vincent et sa femme. Madeleine Olivry-Beucher et sa mère, encore ensevelies sous les décombres de leur bel Hôtel aux cariatides, mon ami Alain Poirier place du Bouffay, Me Ferrél-Bolo et son personnel rue Boileau, Me Bénardeau rue du Calvaire, Me Gicquel rue Santeuil, Mme Anjouste etc etc. L'heure était tragique ...

    Gendron était de l'équipe du déminage et Charles Mabit le directeur des équipes d'Urgence de la Croix-Rouge. L'Hôtel-Dieu était détruit et il fallait aller à Saint-Jacques où se trouvait ma cousine Maud Martineau-Le Port. 180 cadavres serrés et raidi dans des positions extravagantes, d'autres dans l'amphithéâtre; le train du S.I.P.E.G (1) est arrivé dans la matinée du 17 ...

    Beaucoup trop de Nantais ne descendaient déjà plus aux "abris", trop habitués à voir les formations de bombardiers, mais cette fois-ci ce fut une vraie attaque.

    La semaine suivante, tous les morts ont été regroupés dans le hall central du Musée des Beaux-Arts, où se faisait l'identification et la mise en bière. Faute de draps, les corps étaient enveloppés dans du papier kraft et saupoudrés avec du gros sel pour absorber les humeurs liquides, qui devaient cependant tacher horriblement le pavé de cette grande salle. Et commença la veillée funèbre par les infirmières de la Croix-Rouge; tandis que les familles cherchaient toujours à reconnaître leurs morts, que de nouveaux restes humains sortis des déblais, continuaient à arriver (.../...), et cela continua après les obsèques du 19 septembre. Ma femme y a passé des journées (.../...). Sept des cercueils annoncés manquaient, remplacés par sept autres; et c'est elle qui a reçu les plaintes de ceux dont le mort ne se retrouvait plus, ayant évidemment été conduit à une autre cérémonie (2) C'est ainsi que, sur l'exemplaire de l'affiche que nous possédons, ma femme avait barré sept noms...

    Bombardement du jeudi 16 septembre 1943  

                                                                                les bombardements du 23 sept ...         

    Plan de vol                     

     


  •      à Nantes    

     

     

    Avant les bombardements meurtriers du 16 et 23 septembre 1943, il y eut d'abord ceux de octobre et décembre 1941, en avril et mai 1942, puis après autour du débarquement du 6 juin 1944. 

    Avec son port, son aérodrome et ses nombreuses industries militaires, Nantes apparaît comme une cible toute désignée pour les bombardements anglo-américains. Toutefois, si les infrastructures sont effectivement attaquées dès 1940, les opérations sont rares et font peu de victimes.

    Septembre 1943 : tout change le 16 septembre 1943 (1). Vers 16 H 00, 131 bombardiers de la 8° Air Force, composée d'équipages novices, arrivent au dessus de Nantes. Les Nantais, blasés par de nombreuses alertes sans suite ne se pressent pas pour rejoindre les abris. Quand les premières bombes sont larguées, c'est l'apocalypse. Au delà de leur objectif initial, les bombes tombent sur le centre-ville. La rue du Calvaire est rasée, la place Royale et l'Hôtel Dieu pulvérisés. La ville est complètement désorganisée. Une chapelle ardente est installée au Musée des Beaux-Arts pour la reconnaissance des corps mutilés. Le jeudi 23 septembre, à 9h00, alors que la ville est encore sous le choc, la 8° Air Force bombarde à nouveau Nantes, avec la même imprécision. Le grand Magasin Decré est éventré. Suite à ces événements tragiques, les deux tiers de la population nantaise abandonne la ville au cours des mois qui suivent. Archives de Nantes 

    Près de 1000 victimes le 16 septembre et un peu moins le 23 suivant, avec plus de 2500 blessés dénombrés. 700 maisons et immeubles sont détruits et près de 3000 sont inhabitables. On estime près de 1500 bombes larguées sur Nantes aux cours des raids aériens. Nantes comptabilise 28 bombardements aériens et 442 alertes. Les chiffres ne s'accordent pas tous mais le bilan total s'élèvent                                                                                   entre 1400 et 1600 tués.
    http://atlantikwall.superforum.fr/t8606-reportage-d-epoque-bombardement-de-nantes-1943

    Aristide raconte : "depuis le début des hostilités, chaque jeudi à midi, des sirènes placées sur le toit de l'Hôtel de Ville, faisaient entendre successivement le signal de débit d'alerte aérienne, et après un court silence, celui de fin d'alerte. Ainsi était vérifié leur bon état de fonctionnement et la population apprenait aussi à distinguer les deux signaux. Sur Nantes, jusqu'en septembre 1943, il y eut plusieurs alertes mais seulement quelques bombes (voir l'ouvrage de Mr Caillaud : Nantes sous les bombardements).

    Je me souviens de la rue Crébillon, un matin de mai 1942, après la chute d'une bombe en face du domicile de mes parents, des équipiers de la Défense Passive qui pendant plusieurs jours ont recherchés les morts sous les décombres. Souvenirs aussi de la plage Benoît à la Baule, où la villa Mésange, de la famille Catrou était détruite.

    Les avions alliés s'acharnaient sur Saint-Nazaire. A Orvault, nous entendions le bruit du sourd grondement des bombes, et le sol tremblait. La population cherchait refuge à la Baule et aussi à Nantes. Quand aux manifestations dans les rues, programmées depuis Londres par des journalistes si loin d'une ville occupée, et les réunions soi-disant secrètes, organisées par des gens certes de bonne foi : elles ont fonctionnées comme des pièges au profit de la Gestapo". 

     

     
      
    les bombardements du 16 sept ...