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    Qui peut bien être à l'origine de ce serment d'un autre âge et qui, imposé à beaucoup de Français, n'en a finalement engagé qu'un petit nombre ? Il a été demandé aux membres de la Légion d'Honneur.

    Et je me souviens de la rage de mon père qui, pour continuer à porter son ruban rouge a dû se résoudre à prêter serment devant des Magistrats auxquels il avait aussi été imposé et qui ne cachaient pas l'avoir prêter eux-mêmes avec des restrictions mentales. Et je l'ai un jour prêté pour ainsi dire à la demande de la loge maçonnique.

    Les Francs-maçons avaient été exclus de la magistrature. A cette époque, des avocats remplissaient les fonctions de suppléants du Juge de Paix lorsque celui-ci était empêché ou que son successeur n'avait pas été désigné. Notre confrère Tabart était l'un des suppléants du Juge de Paix du 5ème canton à Nantes, le second étant Me Le Gras de Grandcourt. Me Tabart était F.M et le Garde des Sceaux, à Vichy, demandait de lui désigner un remplacant parmi les avocats du Barreau de Nantes ? Certain confrère que le Procureur et le Président estimaient sensible à la collaboration, était prêt à faire acte de candidature. Il tenait des propos du genre "j'ai de nombreux enfants dont je dois assurer l'avenir". Le secrétaire du Parquet m'appelat dans son bureau et me pressa de me porter candidat. Je m'en suis expliqué avec Me Tabart qui me confirma que lui-même était d'accord avec le Parquet et le Tribunal pour que je sois deuxième suppléant auprès de Me de Grandcourt qui devenait premier suppléant. Je rendis visite au Président Dubost qui m'incita également à aller dans ce sens. Comme je manifestais ma réticence, tous me firent valoir qu'ils désiraient une autre candidature. Mon père n'y faisait pas obstacle et j'ai prêté serment devant la Première Chambre du Tribunal avant d'être installé comme Juge de Paix suppléant.

    A la Libération, j'ai voulu restituer sa place à Me Tabart, mais il me fut répondu que tout était convenu avec la Chancellerie et que le nombre de suppléants avait été élevé à trois suppléants à titre exceptionnel, soit Me Tabart, Me de Grandcourt et moi-même. Cette exception ne prit fin qu'avec le décès de Me Tabart quelques années plus-tard.

     


  • Les deux bombardements 

    Je n'ai gardé aucun souvenirs particulier du bombardement du quartier du Port, sinon que les avions, que la rumeur a identifié comme appartenant à la Royal Air-Force, ont pris des risques, en attaquant en piqué, et que leur tirs a été précis, que les Allemands ont souffert, tandis que les bombardiers des U.S.A lâchaient leur tapis de bombes de très haut. Après la Libération, j'en ai parlé avec des parents et des amis Français engagés dans la R.A.F, qui m'on dit avoir demandé à être plus spécialement désignés pour les raids sur la France, et ainsi épargner, autant que possible la population. Ma femme se trouvait sur le quartier de Ste-Anne ce matin là ...

    Le bombardement de l'après-midi nous a laissés des souvenirs beaucoup plus complet : lorsque autour de 19 heures les sirènes ont retentit, nous étions rue Thiers et nous sommes immédiatement descendus dans la rue pour gagner l'abri du Poste Central dans les caves de Rosmadeuc. Encore paralysé avec mes jambes et mon coeur irrégulier (conséquence de ma diphtérie encore présente), je retardais la marche de ma femme qui m'assistait et me pressait. Enfin..., nous sommes passés par la cour d'honneur et les couloirs desservant les bâtiments où nous avions au moins un toit pour nous garantir contre les éclats de la D.C.A (.../..). Les Grands Magasins Decré brûlaient; aussi l'orphelinat de la rue Bossuet avait-il été évacué : les Orphelins se sont trouvés rue des Orphelins, à l'hospice de vieillards du Grand Saint-Joseph. Une aile de cet hospice ayant recu des bombes, il y avait des blessés et des morts parmi les religieuses et les vieillards; après la guerre, en qualité de Président de la commission administrative de cet hospice, j'ai eu à connaître de sa reconstruction - (un pan entier d'anecdotes et de noms ne sont pas retranscrit ici pour aider à la fluidité du texte).

    Le bombardement de la soirée du 23 septembre avait été la réplique de celui du 16 septembre, mais il y avait moins de victimes. C'était encore un jeudi (à vérifier?), il faisait beau et il y avait foule en ville, mais au lieu, comme à l'habitude, de rester sur la voie publique ou de sortir sur les balcons pour voir les avions, cette fois ci les gens avaient pris le chemin des abris. L'état de la ville s'était aggravé, plus d'électrécité, plus de gaz, plus d'eau, et cependant, les autorités civiles demandaient à la population de ne pas quitter la ville (3) et d'y reprendre leurs activités; et des locaux de fortune apparaîtront un peu partout. Le succès de cet appel a été relatif, et beaucoup de Nantais iront coucher hors de la ville par crainte de nouveaux bombardements, sauf à y revenir pour travailler et y faire quelques courses.

    La municipalité a permis à beaucoup de jeunes sans travail et proie désignées pour le S.T.O, de s'engager dans des équipes de déblaiement contre une petite rémunération. Des sortes de soupes populaires se sont ouvertes içi ou là. Il est né chez certains membres de la Coix-Rouge, un état d'esprit regrettable faisant une distinction entre les équipiers de la Défense Passive, en service permanent et rémunérés, et les Volontaires de la Croix-Rouge. Alors que nous étions au total environ 20 000 animés par même dévouement ! nous avons été de ceux qui ont refusé toute distinction et nous avons servi la Défense Passive comme auxiliaires appartenant à la Croix-Rouge Française. Mais certains, à la Défense Passive, nous ont dit leur amertume ...


     

     

     

                                               

    Plan du vol 

     

     

    Il est difficile de saisir l'énormité de l'accumulation de l'armée américaine, toutes les fonctions exercées par les millions d'hommes et de femmes impliqués, afin d'obtenir un résultat commun en quelques années de temps. Le coût et le niveau d'effort ne seront probablement jamais répétés par l'humanité. Stacy Scharch

     

     

     

     

     

     

     


  • Rue de l’Arche sèche

    Nantes, le 16 septembre il faisait très beau, c'était un jeudi et il y avait beaucoup d'enfants avec leur mère au Jardin des Plantes, lorsque retentit le signal d'une alerte et, très vite, le jardin fut arrosé d'éclats de la D.C.A. Le bâtiment de l'Ecole d'Horticulture se remplit d'enfants et de femme; et avec quelques hommes, nous restions dehors près de la porte d'entrée demeurée ouverte et pleine de monde. D'autres personnes étaient couchées sous les massifs d'arbustes (là où devait tomber des bombes le jeudi suivant).

    Nous sentions fortement l'odeur des fumigènes et un bruit continu était comme celui des tôles que l'on auraient froissés. Celui de la dernière chute de bombes fut le plus impressionnant, et aussitôt s'éleva une colonne de fumée en direction de la rue du Calvaire. Et ce fut le Silence ...

    Je vis une femme enveloppée dans un veston d'homme pour cacher sa nudité et rue Georges Clémenceau, des gens sortaient des maisons sur les rues, pour inspecter les facades, qui, d'ailleurs n'avaient pas subi de dommages. La place Royale et la rue du Calvaire brûlaient; des toitures étaient soufflées, le sol jonché de débris de pierre et de bois; place de l'Oratoire les vitres étaient brisées aux fenêtres. En avançant vers la place Louis XVI, j'aperçus la facade du Cercle et la colonnade qui avait disparue, la toiture restait suspendue au-dessus du vide; place Saint-Pierre, je vis un homme assis, immobile et raidi, la figure sillonnée de filets de sang par la poussière de tufeau. Rue Chateaudun, il y avait beaucoup de monde, des maisons ruinées. Je franchis un barrage de police. En face de l'Hôtel de Ville, la maison de nos cousins Arondel n'y était plus. Place du Cirque, les immeubles des cousins Vincent et Sébilleau s'étaient effondrés et la rue de l'Arche-Sèche infranchissable (photo).

    Nous pouvions heureusement emprunter l'avenue établie sur l'ancien lit de l'Erdre qui avait été comblé, sans quoi la ville eu été coupée en deux : les emplacements des anciens quais étant obstrués par des immeubles effondrés.

    Dans la journée, nous apprenions les décès de mes cousins Franck Bougouïn (Francois marié à Simonne Vincent) rue de l'Arche-Sèche, de Pierre Vincent et sa femme. Madeleine Olivry-Beucher et sa mère, encore ensevelies sous les décombres de leur bel Hôtel aux cariatides, mon ami Alain Poirier place du Bouffay, Me Ferrél-Bolo et son personnel rue Boileau, Me Bénardeau rue du Calvaire, Me Gicquel rue Santeuil, Mme Anjouste etc etc. L'heure était tragique ...

    Gendron était de l'équipe du déminage et Charles Mabit le directeur des équipes d'Urgence de la Croix-Rouge. L'Hôtel-Dieu était détruit et il fallait aller à Saint-Jacques où se trouvait ma cousine Maud Martineau-Le Port. 180 cadavres serrés et raidi dans des positions extravagantes, d'autres dans l'amphithéâtre; le train du S.I.P.E.G (1) est arrivé dans la matinée du 17 ...

    Beaucoup trop de Nantais ne descendaient déjà plus aux "abris", trop habitués à voir les formations de bombardiers, mais cette fois-ci ce fut une vraie attaque.

    La semaine suivante, tous les morts ont été regroupés dans le hall central du Musée des Beaux-Arts, où se faisait l'identification et la mise en bière. Faute de draps, les corps étaient enveloppés dans du papier kraft et saupoudrés avec du gros sel pour absorber les humeurs liquides, qui devaient cependant tacher horriblement le pavé de cette grande salle. Et commença la veillée funèbre par les infirmières de la Croix-Rouge; tandis que les familles cherchaient toujours à reconnaître leurs morts, que de nouveaux restes humains sortis des déblais, continuaient à arriver (.../...), et cela continua après les obsèques du 19 septembre. Ma femme y a passé des journées (.../...). Sept des cercueils annoncés manquaient, remplacés par sept autres; et c'est elle qui a reçu les plaintes de ceux dont le mort ne se retrouvait plus, ayant évidemment été conduit à une autre cérémonie (2) C'est ainsi que, sur l'exemplaire de l'affiche que nous possédons, ma femme avait barré sept noms...

    Bombardement du jeudi 16 septembre 1943  

                                                                                les bombardements du 23 sept ...         

    Plan de vol                     

     


  •      à Nantes    

     

     

    Avant les bombardements meurtriers du 16 et 23 septembre 1943, il y eut d'abord ceux de octobre et décembre 1941, en avril et mai 1942, puis après autour du débarquement du 6 juin 1944. 

    Avec son port, son aérodrome et ses nombreuses industries militaires, Nantes apparaît comme une cible toute désignée pour les bombardements anglo-américains. Toutefois, si les infrastructures sont effectivement attaquées dès 1940, les opérations sont rares et font peu de victimes.

    Septembre 1943 : tout change le 16 septembre 1943 (1). Vers 16 H 00, 131 bombardiers de la 8° Air Force, composée d'équipages novices, arrivent au dessus de Nantes. Les Nantais, blasés par de nombreuses alertes sans suite ne se pressent pas pour rejoindre les abris. Quand les premières bombes sont larguées, c'est l'apocalypse. Au delà de leur objectif initial, les bombes tombent sur le centre-ville. La rue du Calvaire est rasée, la place Royale et l'Hôtel Dieu pulvérisés. La ville est complètement désorganisée. Une chapelle ardente est installée au Musée des Beaux-Arts pour la reconnaissance des corps mutilés. Le jeudi 23 septembre, à 9h00, alors que la ville est encore sous le choc, la 8° Air Force bombarde à nouveau Nantes, avec la même imprécision. Le grand Magasin Decré est éventré. Suite à ces événements tragiques, les deux tiers de la population nantaise abandonne la ville au cours des mois qui suivent. Archives de Nantes 

    Près de 1000 victimes le 16 septembre et un peu moins le 23 suivant, avec plus de 2500 blessés dénombrés. 700 maisons et immeubles sont détruits et près de 3000 sont inhabitables. On estime près de 1500 bombes larguées sur Nantes aux cours des raids aériens. Nantes comptabilise 28 bombardements aériens et 442 alertes. Les chiffres ne s'accordent pas tous mais le bilan total s'élèvent                                                                                   entre 1400 et 1600 tués.
    http://atlantikwall.superforum.fr/t8606-reportage-d-epoque-bombardement-de-nantes-1943

    Aristide raconte : "depuis le début des hostilités, chaque jeudi à midi, des sirènes placées sur le toit de l'Hôtel de Ville, faisaient entendre successivement le signal de débit d'alerte aérienne, et après un court silence, celui de fin d'alerte. Ainsi était vérifié leur bon état de fonctionnement et la population apprenait aussi à distinguer les deux signaux. Sur Nantes, jusqu'en septembre 1943, il y eut plusieurs alertes mais seulement quelques bombes (voir l'ouvrage de Mr Caillaud : Nantes sous les bombardements).

    Je me souviens de la rue Crébillon, un matin de mai 1942, après la chute d'une bombe en face du domicile de mes parents, des équipiers de la Défense Passive qui pendant plusieurs jours ont recherchés les morts sous les décombres. Souvenirs aussi de la plage Benoît à la Baule, où la villa Mésange, de la famille Catrou était détruite.

    Les avions alliés s'acharnaient sur Saint-Nazaire. A Orvault, nous entendions le bruit du sourd grondement des bombes, et le sol tremblait. La population cherchait refuge à la Baule et aussi à Nantes. Quand aux manifestations dans les rues, programmées depuis Londres par des journalistes si loin d'une ville occupée, et les réunions soi-disant secrètes, organisées par des gens certes de bonne foi : elles ont fonctionnées comme des pièges au profit de la Gestapo". 

     

     
      
    les bombardements du 16 sept ...


  • x                          

     

    Les Allemands arrivent à Nantes  

    Brève note ... de situation familiale : Mes trois frères étaient aux armées. Jean , comme Sergent dans les transmissions, dépourvu d'armes, se battra avec ce qu'il ramassera sur le cham de bataille, faisant avec d'autres le "bouchon" pour retarder si possible l'avance de l'ennemi. Pierre, Sergent dans les chars de combat, a cru se battre avec succès à Yombloux avant l'attaque de l'aviation allemande, seule maîtresse du ciel, et se retrouvera à Dunkerque d'où il sera conduit en Angleterre, ayant encore pu échapper aux attaques des avions allemands sur les plages en France et sur les navires en Manche. Tous deux se retrouveront en zone sud, chacun de son coté, et seront démobilisés. Paul, sorti de Polytechnique, quittera Fontainebleau pour la frontière italienne; Sous-Lieutenant d'artillerie, il part en Indochine après l'Armistice et y connaîtra l'occupation japonaise. 

    Depuis plusieurs jours, nous voyions dans les rues, le triste cortège des soldats français en déroute. (De l'appel du Général De Gaulle nous ne savions encore rien, mais pas pour longtemps ...).

    Avec mes amis Raymond Paland et l'agent de change Jojo Brillaud, nous avions le projet de rejoindre la Grande-Bretagne ou l'Afrique du Nord (.../...); dans la soirée du 18 juin, le ministre Pomaret, parlant à la T.S.F donnait l'ordre à tous, sans exeption, de ne pas quitter la France. Ce 18 juin j'étais comme Défenseur avec Paland pour l'audience de l'après-midi au Tribunal Militaire et le 20 juin l'après-midi les Allemands se sont montrés.

    C'est le 19 juin que la ville de Nantes est déclarée "Ville ouverte". Les premiers éléments y entrent par la route de Rennes à 11h50. A 13 heures, ils sont à l'Hôtel de Ville. Dès le mercredi 20 juin, au soir, les Allemands ont pris des otages consignés à l'Hôtel de la Vendée. Le jeudi matin, j'ai rencontré Alexandre Fourny qui y avait passé la nuit avec le maire et ses conseillers municipaux. 

    L'oncle Vincent avait été cherché dans la nuit à l'Olivraie. C'est lui qui avait obtenu que l'armée française ne fasse pas sauter le pont de Pirmil; ce qui aurait coupé la ville de la plus grande partie de son approvisionnement, alors que les troupes allemandes étaient déjà présente dans le sud. (Ce seront les Allemand qui, en 1944, évidemment peu soucieux du bien commun des Français, feront sauter le pont et occuperons la rive sud de la Loire pendant trois semaines et nous enverrons des obus!).

    Cependant, des listes d'otages étaient dressées ...

    Le 25 juin, malgré le brouillage des émissions de la T.S.F, nous devinions que la France avait demandé une armistice et que, "De Gaulle à Londres et Pétain à Bordeaux se querelle par T.S.F. - de même entre Churchill et Pétain", tandis que nous passions à l'heure allemande ... Le 28 juin, c'était l'lultimatum de Staline à la Roumanie, le 4 juillet les flottes françaises et anglaises étaient aux prises en Méditerrannée (c'est le jour le plus sombres que nous ayont connu; mais très vite il y en aura d'autres). Le 6 juillet, c'est la rupture des relations diplomatiques avec l'Angleterre .../... Le 12 juillet, les Allemands nous apprennent que Nantes fait partie du Généralat de Bretagne, qui, d'ailleurs, restera mort-né; et nous serons rattachés à Angers. Le 13 juillet, je note : "les Chambres sont pendues à la potence Pétain/Laval; elles ont aussi peur de Weygand que de Hitler.

    Les rumeurs les plus folles couraient à propos d'un armistice ... à la Garenne, il passait tellement d'avion que, le matin il n'était plus possible de dormir; tandis qu'à Nantes, le soir, c'était les Allemands qui festoyaient à l'Hôtel des Colonies, de l'autre coté de la rue Santeuil, en face de nos chambres .../... les militaires Allemands se conformaient aux consignes qu'ils avaient reçues, multipliant les salutations lorsqu'ils nous apercevaient, essuyant soigneusement les semelles de leurs souliers sur le paillasson dans l'entrée de la maison .../... mais ça et là ils faisaient des déprédations et mises à sac. .../... des magasins étaient dévalisées avec la monnaie d'occupation.

    Il faut considérer le poids de l'extrême densité des troupes allemandes dans le territoire conquis où ils se substituaient aux arméees vaincues, occupant les écoles transformées en hôpitaux, les châteaux et maisons de campagne où avaient cantonnées des troupes françaises. A la Garenne des soldats allemands avait pris la place qu'avait occupée la B.H.R, mon beau-père figurant sur les listes d'otages.

    suite

     


  • Arrestation et mort de mon oncle Louis Martineau

    Le frère de mon père, Louis Martineau, Directeur de l'Ecole Berlitz à Nantes, a été arrêté par la Gestapo une première fois en novembre 1940 et libéré le 7 décembre après 15 jours de détention au secret en qualité de "témoin", (il le sera de nouveau en mai ou juin 1943, et conduit à Angers). 

    Il avait sans doute des rapports avec l'Intelligence Service mais, celà, il ne me l'a pas dit. Une anglaise avait été arrêté en même temps que lui; elle sera retournée par les Allemands et sera finalement fusillée comme espionne par les Anglais. En septembre 1943, mon oncle était hospitalisé à Broussais. Il a été libéré en janvier 1944, après huit mois de détention, et décèdera environ quatre mois plus tard dans sa famille réfugiée à Champtoceaux (lettres de Marie-Antoinette du 20 mars 1944 et lettre de ma mère du 12 juin 1944). Il était devenu un vieillard et son coeur était usé. Lors de la translation dans le nouveau cimetière, j'ai assisté à la fouille de sa tombe où, après cinq années, il ne restait que quelques ossements et ses bridges en or.

    Je m'entendais très bien avec lui; comme il était grand fumeur, je lui abandonnais la moitié de ma ration de tabac. Lorsqu'il a été relâché par les Allemands, il m'a dit qu'à la base de son arrestation, il y avait eu la dénonciation d'un tout jeune homme, l'un des otages que les Allemands avaient fusillé en 1941 (*mp en août 41?). Nous avons toujours excusé ce jeune homme pour avoir parlé sous la torture et je m'en suis expliqué plus tard avec son frère jumeau. Mais, après la Guerre, sa mémoire à été reniée par la Résistance officielle et sa mère s'est vue refuser tout secours; son nom et sa photographie ont été omis lors d'expositions. J'en ai parlé avec le petit-fils de mon oncle qui, lui aussi, a approuvé que nous "excusions" ce jeune garçon. Mais les Résistants se sont montrés d'une intransigeance excessive, alors que bien des adultes n'ont pas pu, eux non plus, faire face aux tortures de la Gestapo ou ont préférés s'y dérober par le poison.

    Pour ce qui le concerne, mon oncle m'a dit n'avoir été entendu que comme témoin et ne pas avoir été torturé. Il a toujours été très discret sur ses activités, mais sa femme parlait à tort et à travers, jusque dans les tramways, alors que lui était encore entre les mains de la Gestapo.

    La Gestapo enquête chez mon père

    La Gestapo s'était enquis de la généalogie de notre famille; elle avait alors découvert une faille en 1790-1793, avec un changement de nom patronymique. Le registre paroissial, ayant disparu dans l'incendie de la ville de Cholet, avait été reconstitué .../... La Gestapo était venue interroger mon père qui m'a dit que nous avions été soupçonnés d'appartenir à une famille anglaise dissimulée en France sous une fausse identitée, un nid d'espions en sommeil (.../...).

    Mon Oncle avait rencontré une personne de la famille de Harriet lors d'un séjour en Angleterre alors qu'il était célibataire. Moi-même étant l'invité d'un armateur Grec, la compagne de celui-çi, une Américaine, m'avais demandé si j'avais un lien de parenté avec Harriet Martineau ...

    Après la visite de la Gestapo, il nous fallait être sur nos gardes, mon oncle étant détenu puis surveillé; et mon père assurant toujours la lourde tâche de Défenseur devant le Tribunal Militaire allemand.

     

                                      

     

     photos : siège de la Kommandantur (photos conservées par la ville de Nantes) 


  • Le Tribunal Militaire Allemand 

    Chaque semaine, le Bâtonnier Guinaudeau et mon père rencontraient le Felcommandant Holtz ou ses subordonnés qui leur donnaient connaissance des charges retenues par ses services, contre les Français qui avaient été emprisonnés. Lors des audiences du Tribunal Militaire, il assurait la défense. Dans les papiers de mon père, je n'ai rien trouvé concernant cette époque et je ne sais que ce qu'il m'en a dit.

    Tout les dossiers de Guinaudeau doivent être entre les mains des descendants de son beau-frère, Henri Reyt, qui, plus tard, a siégé au Conseil constitutionnel. De son coté la Gestapo s'était installée dans un hôtel particulier, l'Hôtel de Charette, du coté de la rue des Orphelins et les services secrets de l'armée, situés à la fois au 14 rue du roi Albert, 6 rue Sully et 3 place saint-Pierre, rue Chauvin et rue Cassini. Ces services sont dirigés par l'Oberstcolonel Georges Hertschell puis par l'Hauptmann Hans Fischer.

    Les deux avocats nantais, assistés d'un jeune confrère qui parlait allemand et servait d'interprète, ont assistés Marin Poirier qui sera le premier fusillé à Nantes. Marin Poirier était un cheminot, responsable d'une chaîne d'évasion. A l'audience, il se payait la tête des Juges militaires allemands. Il avait été trouvé en possession d'un carnet portant l'indication : T.P.G : Transport (ou Transit) des Prisonniers de Guerre, et d'une liste de  localités; aux questions qui lui était posées, il a répondu qu'en ces temps de privations, il restait un gros mangeur et que T.P.G signifiait "Tout pour la Gueule" et que les localités indiquées étaient celles où il croyait possible de se procurer du beurre. 

    Après la guerre, Fernand Ridel qui avait été acquitté, est venu remercier officiellement mon père et lui remettre une copie en plâtre, légèrement teintée pour simuler la terre cuite, d'un buste de Marin Poirier. Après le décès de mon père, j'ai remis ce buste au Barreau de Nantes dont, à mon sens, il marquait la contribution dans la Défense devant le Tribunal de l'occupant .../... je me suis retrouvé à défiler avec Alex Bricard et Mme Divanach, avec le bonnet phrygien...

    Mon père a regretté la disparition du Colonel Hotz qui, d'après lui, avait observé de la modération dans un poste délicat.

    Dès le début de la guerre, Me Guinaudeau s'était inquiété des moyens de défense auprès du procureur. Ces audiences du Tribunal militaire n'étaient pas sans risque; mon père m'a dit plusieurs fois, que Guinaudeau et lui s'étaient vus sur le point d'être eux-mêmes traduits en jugement. Lui et Mgr Villepelet (inscrit volontairement sur la liste des otages), se rencontraient régulièrement (les 12 membres du barreau Nantais s'étaient aussi inscrits sur la liste d'otages).

     

    Les 50 otages

    Mon père (ici en tableau) a été l'un de ceux qui on eu à informer les familles des otages. Nous avons vécu, avec lui et ma mère, ces heures dramatiques où des voix angoissées le demandaient au téléphone pour savoir si tel proche emprisonné figurait sur la liste des fusillés.

    Les Allemands avaient choisi les prisonniers politiques plutôt que les personnalités qui se succédaient à l'Hôtel de Vendée dont plusieurs, l'Evêque, le Maire et d'autres, avaient offert leur vie. La menace du sacrifice de cinquante autres otages supplémentaires a pesé pendant plusieurs jours.

    Notre confrère Alexandre Fourny avait été tiré de la prison de Nantes et fusillé. Notre confrère Fernand Ridel a pu échapper à la mort, n'ayant pas répondu à l'appel de son nom à la prison parce qu'il était hospitalisé à l'extérieur. Cependant, les Allemands le détenait, ce qui prouve la hâte avec laquelle la liste des otages "à fusillés" a été établie pour satisfaire aux ordres redoutable du Fürher ...

    Plus tard, les Allemands ont consenti à ce qu'il soit soigné à son domicile où des médecins militaire allemands exerçaient un contrôle. Mon père ou moi allions le voir dans sa chambre où il était alité. Puis la surveillance des Allemands s'est peu à peu allégée et Fernand Ridel a pu s'éloigner dans les Côtes-du-Nord.

     

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  •  Le Procès des otagesLa défense du coté français à été assuré par le Bâtonnier Me Guinaudeau et ses collègues avocats pénalistes expérimentés, Maîtres Martineau (ancien Bâtonnier Directeur de l'Ecole Libre de Droit) et  Lerat qui parle Allemand.

    Dès le début de la guerre Guinaudeau s'était inquiété des moyens de défense et s'en était ouvert au procureur Zollinger et à Dubost, devant le tribunal militaire allemand rue de Sully. Il y eu certainement d'autres avocats. Duméril, professeur d'allemand est l'interprète de la Préfecture.

    Au moment des faits le Maire de Nantes désigné par Vichy en mars 1941 est Gaëtan Rondeau, malgré son refus de succéder à Pageot. (Auguste Pageot, l'ancien Maire avait auparavant été arrêté pour "insultes à Allemands" et sommé de rendre son mandat, et remplacé par intérim par Edmond Prieur). 

    Les personnages politiques ou non du procès ont fait plus ou moins l'objet d'une "surveillance" des Allemands et des mouvements collaborateurs ...

    Dans cette affaire des otages, la ville de Nantes était "aux Ordres" de Vichy et sous occupation allemande. L'Administration est épurée par Vichy : les "postes clés" des autorités civiles de Nantes, ont été laissés vacant... ou bien d'autres hommes ont récupérés ces postes pour répondre à des objectifs vichystes; tel le préfet de Loire-Inférieure Leroy, contraint de démissionner "pour raisons de santé". Ou encore un peu avant, l'arrestation de l'ancien maire de St-Nazaire, Francois Blanchot.

    Alors que le gouvernement de Vichy adressait ses condoléances pour la libération d'otages auprès des autorités allemandes  et dénonçait "un attentat criminel" contre Hotz, la circulation était interdite un peu partout et les Nantais s'attendent au pire. Le commissaire Delgay vient d'être nommé pour diriger l'enquête et prouver sa bonne foi pour retrouver "les lâches criminels à la solde de l'Angleterre et de Moscou" qui ont tirés à feu et à mort le Felkommandant de deux balles dans le dos.

    Les Allemands n'ont pas d'état d'âme et c'est dans ce contexte qu'il faut imaginer un procès expéditif, où l'ensemble de la population Nantaise condamne l'attentat et réprouve la décision allemande.

     

     

    Le Procès des otages

     

    lien interne


  • Accueil50 hommes, résistants, militants, syndicalistes, anciens combattants de la guerre 14-18, communistes et non-communistes, appartenant à toutes les couches sociales et de tout âges, sont passés sous le joug des Armes allemandes.

    Il s'agit de 27 internés du camp de Choisel près de Chateaubriand, de 16 Nantais emprisonnés à Nantes et 5 autres internés à Paris. Le jeune Guy Moquet a seulement dix-sept ans.

    Deux ont été acquittés lors du procès M Dauguet et Me Ridel. Ce qui porte à 48 le nombre des otages fusillés.

    Le 20 octobre 1941 cinq furent fusillés au Mont Valérien à Suresnes et le 22 octobre seize au terrain du Bêle à Nantes et 27 à la Sablière à Châteaubriant. 

    On note la rapidité "d'exécution" des Allemands qui suivit l'attentat contre Hotz le 20 octobre 1941 le matin.

    En image : lettre du sous-préfet de Chateaubriant dénoncant aux autorités allemandes des détenus communistes SHD - Photos : Les otages

    _______________________________ 

    Le 10 juillet 1940, Sénateurs et socialistes votèrent les pleins pouvoirs à Pétain, qui le mois suivant fit condamner à mort De Gaulle, puis trois mois après serra la main de Hitler à Montoire.

    Les faits se suffisent à eux mêmes.

      

     


     

     


  • Accueil  Jeunes communistes (du groupe Klapper dirigés par Fabien) membres de l'OS, envoyés à Nantes, Gilbert Brustlein (sur la photo), Spartaco Guisco, Marcel Bourdarias sont les auteurs de l'attentat. Guisco est à la tête du groupe et il a combattut en Espagne dans les Brigades internationales. Ils sont pris en charge par des "camarades" Nantais. (Les commandos de l'OS allument des "Brulôts").

    Brunstlein tire deux balles sur le lieutenant-colonel Hotz, qui aura le temps de crier "Die Shuste!", avant de s'effondrer à terre à l'angle de la rue du roi Albert (au N°1) près de la cathédrale. Le pistolet de Guisco s'enraye, sauvant la vie de l'officier d'ordonnance de Hotz, Wilhelm Sieger.

    Face à ce que l'on appelle "un acte de résistance" pour les uns et "un assassinat" pour d'autres, la réaction allemande sera immédiate. Ce sont les pires moments de la guerre. A Nantes, il existait un climat de confusion du coté allemand pour ceux qui contestaient le principe des représailles. De Gaulle appelle à ne plus commettre d'attentats

    Depuis Londres en octobre  41 le Général De Gaulle qualifiait les auteurs de cette exécution de "courageux garçons", puis en novembre, il citait la Ville à " l'Ordre de la Libération " : 

     

    Qui sont les commanditaires et auteurs de l'attentat ?

     

     

      

     



     

    ( Dans son livre "50 otages mémoire sensible", 'Etienne Gasche, soumet une autre version des faits pour laquelle il a perdu un procès en diffamation contre Brustlein; la version officielle de l'histoire est-elle discutable ? Que conclure ? lien )


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    *** BIENVENUE SUR CE BLOG ***

     

    Les sources sont bibliographiques et prises à la volée sur le net mais d'ore et déjà on peut recommander le travail de recherche effectué par Dominique Bloyet, et Etienne Gasche deux passionnés de l'histoire Nantaise. NANTES - Les 50 Otages aux Editions CMD 49260. 

    Le site de l'autodidacte écrivain et historien Louis Oury qui à contribué à restaurer et rétablir certaines vérités historiques. 

    D'autres sources plus familiales parfois mises en italiques, présentent un caractère anecdotique.

    Les liens-internet sont représentés par des icônes ou images et les textes de couleurs violette.

    (Astuce: en appuyant sur la touche Ctrl et en activant simultanément la molette de votre souris, vous pouvez agrandir le texte d'une page). 

     

    Chronique familiale: les mémoires d'Aristide et de Marie-Antoinette ....  le journal de bord,

    et la mission de rapatriement des réfugiés.

                

     

           © Valery Joncheray - Nantes en 2011

        

                          Ce blog qui est en construction est sous réserve de toute erreur factuelle,

      les images qui s'y trouvent  ne servent qu'à des fin d'illustrations. 

    L'affaire des 50 otages n'est pas toute l'histoire Nantaise ...

    Il y eut aussi le procès dit des "42" otages

     


       

      

               ACCUEIL - Les sources      

     

     

     

     

     

     


  • Accueil

     

     Il est né en 1877 à Westheim; Hotz est ingénieur de travaux-public pour la société Carl Brandt de Dusseldorf et se trouve entre 1929 et 1933 à Nantes pour les travaux de comblement de l'Erdre et le percement du tunnel appelé aujourd'hui Saint-Félix (dans le cadre du réglement de la dette de guerre Allemande - Plan Dawes); (avec l'aide de l'entrepreneur Eugène Ducos). Francophile, il était apprécié par les Nantais. Après sa mort, la rumeur circulat qu'il avait monté un réseau d'espionnage durant cette période. A l'époque près de 200 Allemands vivaient à Nantes, (ma Grand-mère a reconnue deux allemands SS pendant la guerre qu'elle avait vu au café le Commerce avant-guerre)

    Pendant l'Occupation Karl Hotz dirigeait la Felkommandantur de la ville auquelles les troupes d'occupations étaient chargées de faire appliquer les lois nazies . Il entretenait de bons rapports aves les Autorités françaises de la ville, on le disait cultivé. On ne sait pas si le Lieutenant-colonel Hotz partageait l'idéologie nazi mais c'était un officier dit-on de tradition prussienne. Sa tombe est actuellement au cimetière Allemand de Pornichet (44).                                  

     

    Son nom est doublement inscrit dans l'histoire Nantaise, à la fois comme ingénieur civil, militaire, et comme représentant de l'ordre nazie.

     

    AccueilVidéo des obsèques de Hotz

     

     

     

     


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    Le 20 octobre 1941 vers 7h30, rue du Roi Albert à proximité de la Gestapo, des résistants tirent sur le Feld Kommandant Karl Hotz. (nb : la plaque commémorative a disparue). C'est la première fois qu'un aussi haut gradé est tué en France occupée.

    En représaille Hitler exige des otages. Le Général Von Stülpnagel donne l'ordre d'exécuter 50 Otages conformément au code des Otages du 21 août 1941?? (decret Keitel 16 sept.), 50 autres seront exécutés 48h00 plus tard si les coupables ne sont pas arrêtés. Deux otages seront acquittés par le conseil de guerre, ce qui porte le nombre à 48 otages éxécutés et la seconde autre liste d'otages fut reportée puis suspendue le 27 octobre.

    Il y aura aussi le 24 octobre l'exécution de 50 otages au camp de Souge près de Bordeaux car un officier de l'Administration Allemande, Hans Reimer est tué le 21 octobre par un militant communiste, Pierre Rebière. 

     

     

    L'histoire des 50 otages de Nantes 

     

    Photos prises suite à la mort du Feldkommandant 

    L'histoire des 50 otages de Nantes