• Mon Oncle

    Arrestation et mort de mon oncle Louis Martineau

    Le frère de mon père, Louis Martineau, Directeur de l'Ecole Berlitz à Nantes, a été arrêté par la Gestapo une première fois en novembre 1940 et libéré le 7 décembre après 15 jours de détention au secret en qualité de "témoin", (il le sera de nouveau en mai ou juin 1943, et conduit à Angers). 

    Il avait sans doute des rapports avec l'Intelligence Service mais, celà, il ne me l'a pas dit. Une anglaise avait été arrêté en même temps que lui; elle sera retournée par les Allemands et sera finalement fusillée comme espionne par les Anglais. En septembre 1943, mon oncle était hospitalisé à Broussais. Il a été libéré en janvier 1944, après huit mois de détention, et décèdera environ quatre mois plus tard dans sa famille réfugiée à Champtoceaux (lettres de Marie-Antoinette du 20 mars 1944 et lettre de ma mère du 12 juin 1944). Il était devenu un vieillard et son coeur était usé. Lors de la translation dans le nouveau cimetière, j'ai assisté à la fouille de sa tombe où, après cinq années, il ne restait que quelques ossements et ses bridges en or.

    Je m'entendais très bien avec lui; comme il était grand fumeur, je lui abandonnais la moitié de ma ration de tabac. Lorsqu'il a été relâché par les Allemands, il m'a dit qu'à la base de son arrestation, il y avait eu la dénonciation d'un tout jeune homme, l'un des otages que les Allemands avaient fusillé en 1941 (*mp en août 41?). Nous avons toujours excusé ce jeune homme pour avoir parlé sous la torture et je m'en suis expliqué plus tard avec son frère jumeau. Mais, après la Guerre, sa mémoire à été reniée par la Résistance officielle et sa mère s'est vue refuser tout secours; son nom et sa photographie ont été omis lors d'expositions. J'en ai parlé avec le petit-fils de mon oncle qui, lui aussi, a approuvé que nous "excusions" ce jeune garçon. Mais les Résistants se sont montrés d'une intransigeance excessive, alors que bien des adultes n'ont pas pu, eux non plus, faire face aux tortures de la Gestapo ou ont préférés s'y dérober par le poison.

    Pour ce qui le concerne, mon oncle m'a dit n'avoir été entendu que comme témoin et ne pas avoir été torturé. Il a toujours été très discret sur ses activités, mais sa femme parlait à tort et à travers, jusque dans les tramways, alors que lui était encore entre les mains de la Gestapo.

    La Gestapo enquête chez mon père

    La Gestapo s'était enquis de la généalogie de notre famille; elle avait alors découvert une faille en 1790-1793, avec un changement de nom patronymique. Le registre paroissial, ayant disparu dans l'incendie de la ville de Cholet, avait été reconstitué .../... La Gestapo était venue interroger mon père qui m'a dit que nous avions été soupçonnés d'appartenir à une famille anglaise dissimulée en France sous une fausse identitée, un nid d'espions en sommeil (.../...).

    Mon Oncle avait rencontré une personne de la famille de Harriet lors d'un séjour en Angleterre alors qu'il était célibataire. Moi-même étant l'invité d'un armateur Grec, la compagne de celui-çi, une Américaine, m'avais demandé si j'avais un lien de parenté avec Harriet Martineau ...

    Après la visite de la Gestapo, il nous fallait être sur nos gardes, mon oncle étant détenu puis surveillé; et mon père assurant toujours la lourde tâche de Défenseur devant le Tribunal Militaire allemand.

     

                                      

     

     photos : siège de la Kommandantur (photos conservées par la ville de Nantes)