• Préambule

       Aristide Martineau était tout jeune avocat maritime (L'Ouest-Eclair du 21/05/1937). Engagés comme chef des Equipes d'Urgences à la Croix-Rouge et avec sa femme Marie-Antoinette comme infirmière, ils relatent tout deux les moments passés à Nantes et leur soutient auprès des prisonniers et déportés, en mission dans la Sarre. Cette deuxième partie qui comporte 100 pages n'est pas dévelloppée actuellement dans ce blog. Son expérience dans les camps de réfugiés est comme il dit "sans commune mesure avec ce que nous avions déjà vécu à Nantes et fut une expérience spirituelle parfois éprouvante", "l'appartenance à la Croix-Rouge nous valait un supplément d'idéal qui dépassait l'appartenance à une nation ...", "en retour nous avons reçu un cadeau magnifique, la clef qui ouvrait le contact avec les autres, la possibilité de connaître, de comprendre et d'être acceptés par les hommes quels que soient leur milieu social, la couleur de leur peau, leur race, leur culturel, leur croyance ou leur philosophie, un dépouillement de préjugés, de traditions purement formelles ...".

    La motivation de publier une partie des notes de Aristide est lié à mon intérêt pour l'histoire familiale de cet aïeul pendant la guerre. Il ne s'agit pas içi de trouver une forme d'objectivité ou de jugement sur cette période historique. Ce blog conserve donc une partie familiale qui est à prendre comme tel et sans tabous. (Le carnet de notes personnel de Fernand Soil ici  retrace cette période).

    Plusieurs écrits et critiques ne sont pas répertoriés dans ce blog, notamment sur les évacuations civiles de la "Poche" près de St-Nazaire, qu'il n'est pas possible de regrouper içi; également sur des bulletins, la correspondance de la Croix-Rouge ainsi que des notes sur les Américains; et bien-entendu, un plein d'anecodes familiales et de noms de personnes dont ce vieil Oncle et Marie-Antoinette étaient friands, ... il est aussi peu question de Jean Martineau qui n'a pas laissé de notes sur ses activités à Tharon, associé à ses fonctions, avec le Lieutenant Commandant de Gendarmerie à Paimboeuf. 

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    "J'allais vivre la guerre pour la deuxième fois" ! dit Aristide Martineau.

    Tout jeune, j'avais connu la Guerre, la première mondiale, principalement à Versailles, avec les cartes de ravitaillement; les alertes, les bombes tombées du ciel dont nous allions voir les méfaits le lendemain matin, les Zeppelins allemands et les Dirigeables français qui passaient au-dessus des maisons; le Grand Canal sous ses camouflages; les sacs de sable devant les façades du château; la "Grosse Berta" alors que j'avais commencé à fréquenter le Lycée Hoche où l'on nous avait fait descendre dans les caves; les cortèges de réfugiés; les lueurs du front en 1918 que nous allions voir, la nuit, aux lucarnes des greniers; "la grippe espagnole" et le dévouement de ma mère pour ensevelir les morts jusqu'aù jour où elle-même en fut atteinte; puis les salves des canons devant nos fenêtres, sur la Place d'Armes, le 11 novembre 1918; et, pendant ces années, mon père, mobilisé et souvent absent, ses récits sur le fort de Vaux, ma mère faisant face à une relative pauvreté, sans personnel domestique, avec ses trois aînés; et le quatrième qu'il avait fallut placer à Oudon où la vie matérielle était mieux assurée .../... J'ai beaucoup appris de mes parents : le sang-froid, le dévouement aux autres, le respect des plus démunis et leurs différences.

     La Déclaration de Guerre, en 1939, n'était que l'aboutissement d'un long processus ... 

    Et en dehors de tout jugement sur la conduite des opérations militaires et de la politique pratiquée en France, celle-ci nous avait paru vidée d'une grande partie de sa population au nors et à l'est et atteinte de congestion dans le Midi où avait reflué la population. Les "élites" en avait fâcheusement montré l'exemple; et l'embarquement des Parlementaire sur le Massilia et les propos versatiles du chef du Gouvernement, Paul Reynaud, n'avaient pas concrétisé un appel franc qui aurait pu faire naître un sursaut et justifier un repli sur l'Afrique du Nord pour y poursuivre le combat. 

    L'appel du 18 juin ne nous est parvenu qu'avec retard et déformé; et Churchill avait, de son coté, proposé à la France la fusion avec la Grande-Bretagne tout en coulant nos navires. L'Armistice allait permettre aux Français pris au piège du Midi, de rentrer chez-eux; et une reprise en mains par l'administration civile, malgré le contrôle pesant de l'occupant. Nous avions vu trop de gens démissionner. Plus tard, certains se sont engagés dans la Résistance, qui, en cet été fatal, avaient perdu courage et autorité.

    Par la suite, qu'allions nous connaître du Gouvernement de Vichy ? Nantes était sous occupation allemande et Vichy dans un autre monde ... Comment porter un jugement, n'ayant que de prétendues informations pour nous incontrôlables et partisanes ? En 1945, avec Marie-Antoinette, ma femme, nous avons réalisés auprès des "personnes déplacées" en Allemagne, ce qui nous avait été épargné. Peut-être nous dira-t-on : "Vous avez survécu", ou bien "vous vous êtes contentés de survivre", comme celà fut dit après la Révolution française. Mais nous avons fait plus que celà !

     

    Préambule