• Les Occupants

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    Les Allemands arrivent à Nantes  

    Brève note ... de situation familiale : Mes trois frères étaient aux armées. Jean , comme Sergent dans les transmissions, dépourvu d'armes, se battra avec ce qu'il ramassera sur le cham de bataille, faisant avec d'autres le "bouchon" pour retarder si possible l'avance de l'ennemi. Pierre, Sergent dans les chars de combat, a cru se battre avec succès à Yombloux avant l'attaque de l'aviation allemande, seule maîtresse du ciel, et se retrouvera à Dunkerque d'où il sera conduit en Angleterre, ayant encore pu échapper aux attaques des avions allemands sur les plages en France et sur les navires en Manche. Tous deux se retrouveront en zone sud, chacun de son coté, et seront démobilisés. Paul, sorti de Polytechnique, quittera Fontainebleau pour la frontière italienne; Sous-Lieutenant d'artillerie, il part en Indochine après l'Armistice et y connaîtra l'occupation japonaise. 

    Depuis plusieurs jours, nous voyions dans les rues, le triste cortège des soldats français en déroute. (De l'appel du Général De Gaulle nous ne savions encore rien, mais pas pour longtemps ...).

    Avec mes amis Raymond Paland et l'agent de change Jojo Brillaud, nous avions le projet de rejoindre la Grande-Bretagne ou l'Afrique du Nord (.../...); dans la soirée du 18 juin, le ministre Pomaret, parlant à la T.S.F donnait l'ordre à tous, sans exeption, de ne pas quitter la France. Ce 18 juin j'étais comme Défenseur avec Paland pour l'audience de l'après-midi au Tribunal Militaire et le 20 juin l'après-midi les Allemands se sont montrés.

    C'est le 19 juin que la ville de Nantes est déclarée "Ville ouverte". Les premiers éléments y entrent par la route de Rennes à 11h50. A 13 heures, ils sont à l'Hôtel de Ville. Dès le mercredi 20 juin, au soir, les Allemands ont pris des otages consignés à l'Hôtel de la Vendée. Le jeudi matin, j'ai rencontré Alexandre Fourny qui y avait passé la nuit avec le maire et ses conseillers municipaux. 

    L'oncle Vincent avait été cherché dans la nuit à l'Olivraie. C'est lui qui avait obtenu que l'armée française ne fasse pas sauter le pont de Pirmil; ce qui aurait coupé la ville de la plus grande partie de son approvisionnement, alors que les troupes allemandes étaient déjà présente dans le sud. (Ce seront les Allemand qui, en 1944, évidemment peu soucieux du bien commun des Français, feront sauter le pont et occuperons la rive sud de la Loire pendant trois semaines et nous enverrons des obus!).

    Cependant, des listes d'otages étaient dressées ...

    Le 25 juin, malgré le brouillage des émissions de la T.S.F, nous devinions que la France avait demandé une armistice et que, "De Gaulle à Londres et Pétain à Bordeaux se querelle par T.S.F. - de même entre Churchill et Pétain", tandis que nous passions à l'heure allemande ... Le 28 juin, c'était l'lultimatum de Staline à la Roumanie, le 4 juillet les flottes françaises et anglaises étaient aux prises en Méditerrannée (c'est le jour le plus sombres que nous ayont connu; mais très vite il y en aura d'autres). Le 6 juillet, c'est la rupture des relations diplomatiques avec l'Angleterre .../... Le 12 juillet, les Allemands nous apprennent que Nantes fait partie du Généralat de Bretagne, qui, d'ailleurs, restera mort-né; et nous serons rattachés à Angers. Le 13 juillet, je note : "les Chambres sont pendues à la potence Pétain/Laval; elles ont aussi peur de Weygand que de Hitler.

    Les rumeurs les plus folles couraient à propos d'un armistice ... à la Garenne, il passait tellement d'avion que, le matin il n'était plus possible de dormir; tandis qu'à Nantes, le soir, c'était les Allemands qui festoyaient à l'Hôtel des Colonies, de l'autre coté de la rue Santeuil, en face de nos chambres .../... les militaires Allemands se conformaient aux consignes qu'ils avaient reçues, multipliant les salutations lorsqu'ils nous apercevaient, essuyant soigneusement les semelles de leurs souliers sur le paillasson dans l'entrée de la maison .../... mais ça et là ils faisaient des déprédations et mises à sac. .../... des magasins étaient dévalisées avec la monnaie d'occupation.

    Il faut considérer le poids de l'extrême densité des troupes allemandes dans le territoire conquis où ils se substituaient aux arméees vaincues, occupant les écoles transformées en hôpitaux, les châteaux et maisons de campagne où avaient cantonnées des troupes françaises. A la Garenne des soldats allemands avait pris la place qu'avait occupée la B.H.R, mon beau-père figurant sur les listes d'otages.

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